le message illumine mon portable
est-ce que tu as des nouvelles?
je ne comprends pas trop, mais je me déshabille
le carrelage de la douche si réconfortant quand il me porte
et l’eau chaude qui coule
et alors que je me sèche et me rhabille
coup de téléphone
gâteau d’anniversaire
ce pull rouge qui gratte mais qui porte ton parfum
journées parents d’élèves
berceuses grecques
tout est emmêlé
tout fait mal
quand on saute dans la voiture
le périphérique parisien est si long, je veux te retrouver
le périphérique parisien est si court, je ne veux pas voir cette réalité
« l’ambulance est déjà partie »
il ne reste qu’eux deux
le grand, muet
le petit, en larmes
j’ai si mal pour nous, j’ai si mal pour eux
je suis brisé en deux mais je n’étais pas là
d’ailleurs je ne suis jamais sur place aux moments des drames
un motif qui me rend malade
le silence du grand me fracasse en mille morceaux de plus.
il y a tous ces livres dans nos bibliothèques, toutes ces histoires qui font la nôtre
des boites de médicaments par terre
à côté du fauteuil bleu
pendant des jours, je me plierai en deux de douleur
debout, allongée, rien n’y fait, j’ai mal, j’ai tellement mal, je ne pleure pas mais j’ai mal
le bruit des couverts à table m’épuise
on a rien se dire en attendant ton retour.
je ne sais pas si et quand ça recommencera
j’ai du apprendre à vivre pliée en deux
car souvent la douleur revient sans prévenir
me rappelle du moment où tout a basculé
ne pars pas
je n’arrive pas à dormir
j’ai trop peur de te perdre.
je voudrais effacer tout le mal que les gens t’ont fait
si je le pouvais je partirais en croisade
je crois que je t’en veux
et en même temps je te comprends et c’est ça le pire
je ne peux pas t’en vouloir
et pourtant ce serait bien d’être en colère, au lieu de ça je suis ailleurs
je voudrais te donner le monde
tout le soleil et la tendresse qui t’as été volée
ces envies de partir elles m’ont transpercé le cœur trop de fois
je t’imagine sur ce fauteuil bleu et comprend les secondes où l’on se surprend à abandonner l’enfant qui est en nous et laisser tout le mal de la Terre nous envahir
comment pourrais-je t’en vouloir alors?
mais maman, reste.
reste, avec nous.
reste, toujours.
c’est ici que la paix se trouve.